
Chers, chères journalistes et rédacteurs / trices en chef,
Il y aura 8 ans demain exactement, 6 décembre que, à la suite de l’incurie de la prise en charge, par la Justice de Paix d’Aigle, de la situation d’un couple séparé, l’homme a tué la grand-mère maternelle de sa fille, avant de se donner la mort, à Vex, en Valais.
Cet homme était l’un de mes proches amis, la personne habituellement la plus douce qu’il soit, et sa fin dramatique atteste pour moi d’une seule chose : l’humiliation crée la violence. Il n’y a d’ailleurs rien de plus efficace pour ce faire.
L’humiliation, l’abus de pouvoir, le déni de ses droits, s’ils étaient initialement le fait de la mère de son enfant, ont été abondamment relayés et amplifiés par la Justice de Paix d’Aigle, après que l’excellent juge en charge du dossier initialement ait pris sa retraite.
Départ immédiat de la juge en charge pour le canton de Genève, remplacement au pied levé par une nouvelle juge connaissant insuffisamment la loi, le tout a été accompagné, ou aurait dû l’être, par une succession d’intervenants en protection de l’enfance peu efficaces car dépassés par l’ampleur de leurs tâches et qui, les uns après les autres, tombaient malades ou démissionnaient.
On aurait pu croire que l’excellent rapport de l’ex-juge fédéral Claude Rouiller amènerait un vrai changement, de fond, dans tous les services de protection de l’enfance du canton de Vaud. Las, il n’en est rien.
Si l’Est vaudois teste, comme le Valais, le consensus parental, si de nouvelles interventions éducatives, pour éviter les placements d’enfants, sont, elles aussi un projet-pilote en marche du côté d’Yverdon, l’immense machine qu’est la Direction Générale de l’Enfance et de la Jeunesse (DGEJ) évolue de manière hétérogène. Gangrenée par on ne sait quoi, il se passe, en territoire vaudois, des choses inacceptables et qui entachent la réputation du canton, celle de la protection de l’enfance en général et celle de la Suisse, enfin, qui, dans ces lieux-là, peine à aboutir à un respect des droits de l’être humain, en particulier ceux des enfants.
Dans ce que je nomme « l’affaire Bénédicte », vingt-trois personnalités, toutes formées dans des domaines en lien avec la protection de l’enfance, de grands professionnels, de grands scientifiques, ont écrit à la DGEJ, bien avant nous et, pour la plupart, n’ont pas reçu le début d’un accusé de réception de leurs missives respectives et de leurs réflexions pertinentes.
Alors que, en 2017, l’Etat de Vaud était intervenu et nous avait répondu, à la suite du drame de ces deux décès, sommant la Justice de Paix de nous recevoir en urgence, à l’heure actuelle, à l’instar des dictatures, emplie d’arrogance, la DGEJ ne réagit pas. Elle persiste et continue sa prise en charge scandaleuse, tant elle est délétère, de cette toute petite fille dorénavant à sa merci.
En 2016, quoique venant du champ de l’enseignement, de l’éducation et de la santé, je ne connaissais rien au domaine de la protection de l’enfance. A l’heure actuelle, il me faudrait un paragraphe pour faire état de toutes les formations suivies depuis, des diplômes obtenus et de mes affiliations diverses. En 2018, lors d’une manifestation organisée à Sion, relayée au TJ du 19 :30, puis suite à la parution de « Protection de l’enfance, lettre ouverte à tous ses acteurs », en 2019, j’ai été abondamment médiatisée (Le Temps, Rhône FM, Le Nouvelliste, Mise au point, Canal 9, et j’en passe), mais, depuis, l’intérêt des médias pour la chose est retombée comme un soufflet, avec, ici et là, de temps en temps, un article ou une émission sur l’un ou l’autre dysfonctionnement institutionnel dans ce qui touche à la prise en charge des enfants.
C’est aujourd’hui dans le canton de Vaud, mais c’est régulièrement aussi dans les autres cantons, que la protection de l’enfance, ses institutions, à défaut de toujours défrayer la chronique, heurtent parfois la décence la plus élémentaire.
Vous, les médias, vous êtes le quatrième pouvoir. Je vous en conjure, publiez à nouveau. Investiguez et relayez, pour le grand public, ce qui se passe derrière l’opacité des belles déclarations et du professionnalisme clamé plutôt qu’agi, plutôt que d’attendre, pour ce faire, que la Confédération doive à nouveau présenter ses excuses aux enfants privés de leurs parents aujourd’hui et qui seront, alors, devenus des adultes. Et ainsi, peut-être, ces deux décès de 2016 n’auront pas eu lieu pour rien.
Le Mouvement Suisse pour la Coparentalité Responsable, que je préside, publie chaque jour, depuis le 1er décembre, et le fera jusqu’au 24, un post de blog qui parle de la situation de Bénédicte. Nous vous invitons à lire ces publications, sur le blog de https:// www.mscr.online
Nous vous invitons aussi à prendre connaissance du courrier ci-joint, anonymisé pour vous et que chaque destinataire a reçu le 2 décembre passé, sans, pour l’instant, aucune réaction d’aucun d’entre eux.
A votre disposition pour échanger et avec nos remerciements anticipés,
Pour le MSCR
sa présidente, Isabelle Vuistiner-Zuber
https : //www.cabinetequilibre.ch
PS Nous ne publierons que demain, 6 décembre, notre lettre aux personnes impliquées dans le gâchis de la prise en charge de Bénédicte, sur les réseaux sociaux. Seuls les médias la reçoivent aujourd'hui.
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