
Aujourd’hui, en pays catholique, nous fêtons L’Immaculée Conception de Marie. Si la Vierge Marie avait résidé en 2024 dans le canton de Vaud, pour y donner naissance à Jésus, aucun doute sur le fait que cette femme dont on a dit que son bébé était le résultat d’une fécondation par l’Esprit-Saint (Mt, 1, 18), et qu’elle serait « Mère de Dieu » se serait vue privée de son enfant.
Un petit bébé né sur la paille, dans un lieu non stérile, avec aucune assurance que ses parents, enfin, sa mère et son compagnon, soient en mesure de pourvoir à ses besoins, vu leur état de pauvreté, d’une femme folle, de surcroît, car délirante… zou, loin, mettons-le à l’abri. A L’Abri, justement, internat pour enfants dont l’âge n’excède pas 6 ans, qui pourvoit un accueil d’urgence et à court terme, afin d’assurer la protection d’enfants en situation de danger. (Extrait de leur site).
Vierge Marie, que nous fêtons aujourd’hui, aide ceux qui croient en toi à garder leur calme face à l’insanité grandissante de la prise en charge délétère d’une petite innocente.
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A défaut de protection contre les hésitations de sa mère au sujet de la constitution des biberons de son bébé, à L’Abri, Bénédicte a, en quelques courtes semaines, été aux portes de la mort : arrêt respiratoire faisant suite à dix jours d’apathie grandissante.
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Il y a plus de dix ans que des consultations génétiques sont à disposition, dans plusieurs hôpitaux cantonaux (tous, à l’heure actuelle, je présume).
Petit extrait pris sur le site de la consultation valaisanne de génétique, « C’est génétique, Docteur ? »
Quelles réponses à quelles questions ? Tant le médecin généraliste que le spécialiste sont régulièrement confrontés à des situations qui soulèvent la question d'une éventuelle origine génétique, voire héréditaire, comme par exemple: - un patient présentant des symptômes ou une association de signes cliniques particuliers, sans qu'un diagnostic étiologique n'ait pu être posé: pourrait-il s'agir d'un syndrome ? - un enfant souffrant d'un retard des acquisitions, peut-être d'un autisme ou d'une épilepsie, dont l'origine n'est pas suffisamment claire pour aboutir à un diagnostic.
« Sans qu’un diagnostic étiologique n’ait pu être posé » signifie qu’on se trouve face à un enfant qui présente des particularités de développement que la pédiatrie générale et l’observation des conditions de vie de l'enfant ne sont pas en mesure d’expliquer. Alors, dans ce cas-là, on postule que, peut-être, la cause de l’anomalie de développement de l’enfant pourrait être d’origine génétique, héréditaire ou non. Pour le savoir, un seul recours : la consultation en génétique. Il n’y a aucun autre moyen d’identifier pourquoi, en des circonstances habituelles de vie, un enfant ne se développerait pas bien.
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Dr Karim Boubaker, médecin cantonal vaudois, vous auriez déclaré que l’état de santé et l’altération du développement de Bénédicte ne correspondraient pas à de l’hospitalisme. Nous avons une question pour vous, que nous allons vous réadresser directement, puisque vous n’avez pas répondu à notre première lettre.
Au bénéfice d’une spécialisation en maladies contagieuses, ce qui fait sens pour occuper le poste de médecin cantonal, nous nous demandons pourquoi vous avez, semble-t-il, accepté de faire une déclaration au sujet de l’état de santé apparemment altéré de Bénédicte, sans avoir de spécialisation ni en pédiatrie ni en génétique, et au mépris de notions importantes dans ces deux disciplines. A notre connaissance, la petite Bénédicte n’a été vue par aucune consultation en génétique (à moins que le droit de la mère à décider de ou à agréer à tout recours au corps médical, effectif à ce moment-là, n’ait été enfreint une fois de plus). Comment, donc, avez-vous pu faire une telle déclaration ? Et comment se fait-il que la DGEJ vous ait demandé de vous prononcer à ce sujet, si ce n’est pour aboutir à pouvoir ensuite affirmer que « le médecin cantonal a dit que… », ce qui donne crédit à ces propos, vos propos, qui nous semblent, si l’on part de l’idée que vous êtes de bonne foi, s’approcher dangereusement d’une incompétence médicale inquiétante.
En effet, on sait bien, tous, que lorsqu’une personne présente des symptômes, on va d’abord en chercher la cause dans ce qui est évident.
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Selon les recherches, travaux et enseignements de Dr Karen Sadlier, les enfants exposés à un stress élevé et prolongé, qui est donc pathogène, sécrètent « une hypersécrétion de cortisol empêchant le bon développement des connexions neuronales. Ce stress pathogène entraîne des dysfonctionnements et une réorganisation structurelle, notamment au niveau de l’amygdale, du cortex préfrontal et de l’hippocampe, où se développent les circuits émotionnels, les circuits de la mémoire et des processus cognitifs ». Séquelles cérébrales visibles à l’IRM, effets sur le développement et les capacités cognitives amplifiés quand l’enfant est très jeune, si les travaux de Karen Sadlier portent principalement sur le stress induit par le fait d’assister à des violences conjugales, tout stress important, et répété, produit les mêmes effets délétères. Il n’est pas susceptible de produire, mais produit ces effets délétères. Karen Sadlier est Docteur en psychologie, spécialisée en trauma, mondialement connue, et je retrouverai, au besoin, l’origine précise de l’extrait cité, qui provient de différents articles et de mes notes de cours.
Le professeur René Spitz, psychiatre d’orientation psychanalytique américain, décédé aujourd’hui, est, lui, le premier à avoir théorisé sur l’hospitalisme. Selon lui, l’expérience vécue par des enfants privés de la présence de leur mère dès leur naissance est à ce point traumatisante que cette séparation précoce provoque un effondrement psychique, à haut risque de développer une dépression, accompagnée de régression physique. S’il y a impossibilité de remettre l’enfant auprès de sa mère, l’une des manières d’y remédier est de mettre l’enfant en situation de pouvoir développer un attachement sécure, apporté par la présence rassurante d’une ou de quelques personnes, toujours les mêmes, au quotidien, auprès de lui. Et nous savons bien que ce ne sont pas les conditions de vie dans lesquelles Bénédicte a évolué, suite à ses placements successifs. L’hospitalisme a d’ailleurs été parfois surnommé « le syndrome des pouponnières ».
C’est cet attachement sécure, en général d’abord maternel, qui permet au bébé de regarder sa mère préférentiellement à tout autre environnement humain. Ce qu’on nous décrit, dans l’attitude de Bénédicte, qui ne semble pas bien différencier sa mère d’autrui, est le résultat attendu d’un développement du lien mère - enfant insuffisant car entravé par son placement. Or, cette capacité à la différenciation constituerait, toujours selon Spitz, l’une des étapes fondamentales dans la constitution du psychisme humain.
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Nous pourrions continuer, sur des pages et des pages, voire des volumes et donc, Dr Broubacher, en l’absence d’un diagnostic clair qui expliquerait l’état actuel de développement de Bénédicte et qui, pour être posé, si vous réfutez le fait que son placement puisse en être la cause, nécessiterait une consultation en neuropsychiatrie, avec recours à une consultation en génétique si nécessaire, comment pouvez-vous affirmer que l’état de cette toute-petite ne serait pas lié à ses conditions de vie ?
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Une approche professionnelle d’une situation requiert une ouverture au dialogue, avec un dialogue que, actuellement, ni la DGEJ ni la justice de paix ne permettent, avec les vingt-trois autres professionnels qui l’ont déjà sollicitée pour que soit remis en question le placement de Bénédicte. C’est regrettable.
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