NOEL SANS LES ENFANTS
Lorsqu’on ne vit plus quotidiennement avec ses enfants, parce qu’on est divorcé, on ne passe pas forcément Noël avec eux, du moins pas forcément chaque année.
On peut avoir les enfants avec soi le 24 ou le 25 ou pas du tout et passer le Nouvel-An ensemble. Vu du côté de l’enfant, ce qui risque surtout de lui manquer, à lui, selon l’organisation faite, c’est le moment partagé avec les grands-parents, les cousins, les oncles et tantes, si on se rencontre régulièrement en famille.
« On peut bien fêter Noël un autre jour (qu’à Noël) » est une affirmation parfois faite par celui qui a les enfants à Noël, par ceux qui ne savent pas comment faire face aux tensions intrafamiliales autrement qu’en excluant une partie de ses membres ce jour-là, mais si Noël doit bien se fêter les 24 ou/et 25 décembre une fois qu’on est adulte, il est bien possible que la date exacte soit moins importante pour un enfant.
Si on aime les rituels et les décorations qui les accompagnent, on sait que le sapin aura plus qu’un jour de vie, les chocolats et biscuits de Noël également, ainsi que les décorations.
Si on sait que les enfants sont bien, avec leur père / mère, ce jour-là, se le rappeler est aidant pour vivre leur absence.
En revanche, s’il existe un conflit aigu, les choses sont assurément plus difficiles.
C’est le cas si l’autre parent a obtenu d’avoir les enfants chez lui/elle après un combat acharné, impliquant les autorités.
C’est le cas si des démarches sont en cours parce qu’un parent suspecte des maltraitances de la part de l’autre parent et que celles-ci n’ont pas encore été investiguées ou ne sont pas prises en compte par les autorités auprès desquelles on les signale.
C’est le cas si l’enfant est placé, contre notre gré, s’il est placé en foyer et qu’on n’a pas obtenu le droit de le voir ce jour-là ou de le prendre à la maison.
Dans ces cas de figure, il est possible que l’enfant, lui aussi, souffrira de cette séparation lors des fêtes de Noël et c’est ce qui est le plus difficile à vivre.
Il y a un temps pour se battre et un temps pour se reposer, un temps pour faire des démarches et un temps pour les mettre sur pause – ce, même pour le MSCR et c’est dire…. – et pendant les fêtes, il nous semble opportun de se ressourcer, de pleurer si on en a besoin, d’être entouré et d’entourer les personnes avec lesquelles on peut être en contact, même si celles-ci ne comprennent pas nos enfants.
Noël, c’est le temps du partage, mélange de reste de rite païen qui célèbre le retour de la lumière qui, progressivement, va envahir une plage plus importante de notre journée, une fois l’équinoxe d’hiver passé et c’est une fête chrétienne, qui célèbre l’amour en tant que tel, advenu dans ce monde par un rejeté, un exclu, dont les parents ont dû s’abriter dans une étable parce qu’ils étaient en route lorsque l’enfant est né, obéissant aux ordres des autorités (qui existaient déjà alors…) d’aller se faire inscrire sur les registres officiels de l’époque. On peut croire, ou non, à cette histoire-là, on peut être chrétien, ou non, mais ce qui fait qu’on fête Noël et que Noël existe, c’est bien ce récit de la Nativité. Celle d’un tout petit.
Ce qui me touche, sur la photo jointe à ce texte, outre le fait que les parents ont l’air très fatigué, c’est le fait qu’ils soient ensemble et qu’il n’apparaît pas qu’ils le soient en raison d’un amour amoureux fou, mais par solidarité, pour faire face à la vie ensemble et il est possible que ça puisse nous inviter à réfléchir.
On peut avoir été trahi, trompé de différentes manières, on peut avoir été victime de violence qui, elle aussi, peut s’exprimer différemment, mais, la plupart du temps, ce qui nous a amené à divorcer est l’absence – ou la disparition – d’un amour tel qu’on l’imaginait, le souhaitait, le concevait, et donc aussi de celui qu’on donnait, et c’est cet état de fait qui nous a conduit à vivre depuis séparé de nos enfants une partie du temps. Il est bon, lorsque ç’a été un choix, de se rappeler de temps en temps que ça l’a été, d’assumer ses responsabilités et de ne pas tenter de trouver un coupable de conséquences prévisibles.
Noël, c’est le temps de la douceur, qui invite à se regarder avec indulgence, à se prendre dans les bras quand nul-le autre ne le fait, à se donner ce dont on a besoin.
Il n’y a guère de meilleur moyen de se rendre malheureux que de se livrer à la comparaison avec ceux qui semblent plus avantagés que nous et que de se rappeler en boucle de quelle injustice on est victime. Lorsqu’on est victime d’injustice, le mieux reste encore d’y faire face, de se lever et de revendiquer ses droits. Mais pas à Noël.
D’abord, parce que la justice officielle est fermée, en raison des féries de Noël. Une partie des bureaux de la protection de l’enfance et des services sociaux sont fermés eux aussi. Ensuite, parce qu’on a tous droit à une trêve et les parents sont, eux aussi, assurés de ne pas recevoir de courrier désagréable pendant cette fin d’année.
La famille n’est pas faite que des gens dont on partage les gênes. Elle l’est aussi, et souvent surtout, composée de ceux avec qui on partage la vie, les rires, les peines, qui comptent et pour lesquels on compte suffisamment pour qu’on ait envie de passer du temps ensemble.
Il y a exactement quinze ans, vers 3 heures du matin le 24 décembre, mon père partait rejoindre les étoiles et j’ai, pour toujours, la sensation de sa main chaude dans ma main.
Offrir à ses enfants absents quelque chose qui leur rappelle notre existence et surtout ce qui nous lie, c’est leur donner un peu de nous, afin que jamais, même éloignés, ils ne se sentent abandonnés.
Pour Noël, le Mouvement Suisse pour la Coparentalité Responsable souhaite aux parents de trouver, là où ils sont, la chaleur humaine dont ils ont besoin pour se sentir aimés, dignes de considération, soutenus et entourés.
Il souhaite aux autorités et professionnels divers le recul nécessaire et de trouver cet espace en eux où se rejoignent connaissances, compétences et humanité, faite aussi d’humilité, afin de faire preuve du plus grand discernement possible dans les situations dans lesquelles ils interviennent.
Le Mouvement Suisse pour la Coparentalité Responsable souhaite surtout et d’abord aux enfants de pouvoir grandir en sécurité, de recevoir les soins et l’affection auxquels ils ont droit, de pouvoir être en lien avec ceux qu’ils aiment et d’être considérés comme des êtres humains à part entière, dont l’existence n’est pas d’abord destinée à combler les attentes, personnelles ou professionnelles, de quiconque.
Paix sur la terre aux humains de bonne volonté,
Joyeux Noël !
Pour le MSCR : Isabelle Vuistiner-Zuber
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