Il est des fêtes que je trouve presque cruelles. Il m’est difficile, alors, de trouver les bons mots pour, comme on le dit, « marquer le coup ».
La Fête des mères en est une pour moi.
A toutes celles qui sont des mamans, bonne fête !
Un jour, un enfant commence à croître dans son ventre et on en devient le terreau. Quel que soit notre passé, quels que soient nos qualités et nos manques, pendant 9 mois, on devient le terreau dans lequel notre enfant se développe.
Certaines trouvent cela exaltant, d’autres le trouvent terrifiant, à un point tel que la grossesse s’interrompt ou que cet enfant sera le seul dont elles accoucheront.
Puis l’enfant naît et tout ce que notre corps lui a donné de bon, on le substitue par nos soins, notre attention, nos regards, notre présence, l’éducation que, avec le père, on donne à l’enfant. Avec le père ou avec ceux ou celles qui font office de coparents. Avec toutes les figures d’attachement de l’enfant, qui ne se développera bien qu’en étant en lien.
La vie est parfois compliquée.
Je ressens une reconnaissance énorme pour les mères qui, quittées ou qui ont quitté, qui donc, dans les deux cas, ont vu leur projet de couple et de famille initial échouer, dépassent leur déception et leur frustration, pour continuer à laisser au père la place qui lui revient ou, dans d’autres cas, pour protéger leurs enfants d’un père violent.
J’ai une admiration presque sans borne pour celles qui, ayant au moins un peu failli à la tâche, reproduisant partiellement ce que, enfants, elles ont subi de difficile, se remettent en question et se remettent à l’ouvrage, avec espoir – celui de dépasser leurs manques – et engagement.
On ne peut donner que ce qu’on a : reçu ou acquis, souvent chèrement.
Je ressens de la compassion, parfois, face aux mères maltraitantes et, souvent, de la colère.
Tout ceci dit l’ambivalence que j’ai face à la Fête des mères, où certain-e-s pleurent leur mère décédée, d’autres maudissent leur mère insuffisante, tandis que d’autres ne rêvent que d’une chose : devenir mère, à tout prix.
J’ai vu passer, aujourd’hui, plusieurs images de maternité où la mère est représentée telle que Marie : belle, aimante, immaculée.
J’aimerais tellement que, en tant qu’humanité, on décide de contempler la réalité sans l’idéaliser. Il me semble que cela nous permettrait de mieux agir et de moins souffrir.
Quant aux mères, belles-mères, mamans de cœur, aliénées, dont je fais partie, je peine à trouver les mots, mais je vous exprime tout mon soutien, particulièrement aujourd’hui. Un jour, peut-être, ce qui nous ont ôté notre place dans la vie de l’enfant comprendront que l’amour ne diminue pas, mais croît lorsqu’on le partage. Nous, nous le savons.
L’ingrédient magique à se procurer, à cultiver, à préserver, afin que la famille toute entière puisse être, à sa manière à elle, particulière, un terreau nourrissant, un espace sécure et joyeux, est la confiance.
Je ne pensais pas terminer ce message ainsi, mais au fur et à mesure que je l’écrivais, j’ai pensé que ce serait le bon moment.
Tout récemment, je suis devenue l’un des ambassadrices du parcours Famille Confiante, dont la dénomination m’a tellement touchée.
Je vous en parlerai de manière plus détaillée prochainement, mais, en attendant, voici le lien de leur site. https://www.familleconfiante.ch
Un dimanche paisible à toutes ! Isabelle Vuistiner-Zuber, présidente du Mouvement Suisse pour la Coparentalité Responsable
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