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  • Photo du rédacteurCoparentalité Responsable

Plus communiquer ou mieux communiquer ?

De plus en plus fréquemment, dans les jugements de divorce, lorsque les ex-époux s'embourbent dans un litige qui semble insoluble et qui a pour conséquence de ne parvenir à aucune entente au sujet des enfants, le juge, ou l'autorité de protection, ou la protection de la jeunesse (quel que soit son nom, qui diffère selon les cantons) "recommande fortement" aux parents de s'engager dans un processus de médiation. En Suisse, la justice ne peut pas ordonner de médiation. Elle peut uniquement la suggérer ou la rendre quasiment obligatoire, indirectement, en informant les parents de mesures de protection potentielles à venir, au cas où les parents ne trouveraient pas d'accord. Sous-jacente est l'idée que les parents doivent plus communiquer, l'insuffisance de communication étant régulièrement évoquée comme motif de refus d'attribution de la garde partagée ou même d'élargissement du droit de visite. Actuellement, on envoie même les parents en "thérapie de coparentalité". Vraiment ? Juste le nom de cette présumée thérapie n'est pas clair. Qui soigne-t-on ? La coparentalité ? Les parents ? L'idée d'envoyer en thérapie un couple qui s'est dissout est une fausse bonne idée. A la base de conflits insolubles, on trouve régulièrement l'impossibilité, pour l'un des deux membres (et parfois pour les deux) de l'ancien couple amoureux, de faire le deuil de la relation et des essais constants d'entraver la séparation, par la sollicitation continue de l'autre, de manière parfois totalement destructrice, en l'entraînant dans une spirale d'accusations et de procédures judiciaires qui s'ensuivent.


Comme raison pour vouloir en découdre, on évoque souvent l'infidélité ou autre entorse faite au contrat du mariage. Il nous semble que tout autant que ce qui a été fait, ce qui n'a pas été fait peut être à l'origine de conflits qui perdurent. Il ne faut pas méconnaître la puissance de la frustration née d'attentes déçues. On a mis tous ses espoirs - d'ordre privé tout du moins - en l'autre, on a pensé qu'il satisferait nos besoins, nos désirs, qu'il nous comblerait et cet-te autre a fait de notre quotidien une succession de banalités sans profondeur. Impardonnable ! Or, attribuer à l'autre le pouvoir de nous rendre heureux ou malheureux, occulter son propre apport dans le couple, est toujours un écueil. Le couple amoureux n'est plus. S'il s'est dissous, c'est parce que les attentes de l'un, ou des deux, n'étaient plus satisfaites et que la communication était devenue soit inexistante soit destructrice.


Au moment du divorce, et après le divorce, afin que chacun puisse poursuivre sa vie et la reconstruire sans l'autre, éventuellement avec un nouveau partenaire, une distance est nécessaire. C'est un vrai terrorisme relationnel que d'obliger deux personnes qui se retrouvent dans le processus de se différencier et de se reconstruire, d'endosser une identité quelque peu différente, de communiquer à tout va. Dans ce cadre, la médiation peut servir à une chose : non pas à plus communiquer, mais à prendre des décisions communes au sujet des enfants.


Le temps de prendre soin mutuellement l'un de l'autre n'est plus. Panser ses blessures, relire le passé et lui donner un sens peut se faire dans le cadre d'une thérapie individuelle ou dans une démarche de développement personnel.


Il nous semble que, plus que de médiation, on devrait parler de séances de coopération parentale, dont l'enjeu premier devrait être la satisfaction des besoins de l'enfant, l'instauration d'une prise en charge soit collaborative soit parallèle (le "parallel parenting" est une notion qui nous vient des Etats-Unis, où l'on considère que lorsqu'un des parents adopte un comportement toxique, c'est le mieux qu'on puisse faire en matière de parentalité) afin de mettre un place un contexte qui favorise son bon développement et que ceci, oui, on peut l'exiger des parents. Pour bénéficier de séances de coopération parentale, vous pouvez contacter le Mouvement Suisse pour la Coopération Responsable par mail à copresp@netplus.ch en exposant brièvement votre situation et vos demandes.

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